J'ai toujours eu quelque réticence à admettre l'Europe. Une structure artificielle supranationale, qui m'est surtout apparue comme castratrice, pondeuse de règlements souvent difficiles à comprendre, jugés parfois même totalement farfelus. On me répondra sûrement que je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez et que l'Europe, c'est autre chose, quelque chose de bénéfique à la communauté. Je veux bien. Justement, on aimerait qu'elle prenne soin de tous ceux qui, dans sa circonférence, sont dans la misère. Et là, malheureusement, on la sent renacler ! Elle s'apprête à baisser de façon drastique les aides qu'elle apportait jusqu'ici à ceux qui restaient au bord du chemin. A partir de 2014, ceux-là seront à la portion congrue. Au grand dam des associations caritatives, qui voient, elles, les files de pauvres grossir de plus en plus derrière leurs guichets. L'Europe qui se targue d'être solidaire devrait se soucier de tous ses ressortissants et pas seulement de ceux qui font de l'argent. C'est ce que dit, clairement mais avec amertume, le président des Restos du Coeur : " On ne peut pas invoquer le devoir de solidarité européenne dès qu'il s'agit de sauver les banques, mais l'oublier quand il faut aider les plus pauvres." Il y a des jours où j'ai du mal à me sentir européen ...