Mort, où est ta victoire ?
Je rentre d'un enterrement. Celui d'une jeune femme du quartier. Elle avait quarante ans. Elle est décédée des suites d'une hépatite virale sans doute mal soignée. Elle vivait avec sa fille (17 ans aujourd'hui) dans une lourde nécessité et une solitude triste et résignée. L'inhumation, civile, fut sobre, émouvante, loin des ors des cérémonies religieuses habituelles. Je ne la connaissais pas bien, cette jeune voisine, mais, je l'avoue, j'ai été très ému en jetant avec tous mon immortelle dans le tombeau. La mort est toujours un scandale, mais plus encore quand elle frappe un être jeune.
Ah, j'oubliais, on l'a enterrée dans la Section 38, là où l'on aligne les miséreux. Comment peut-on reléguer ainsi dans un carré dédié du cimetière ceux qui ne peuvent pas payer ? C'est au minimum de la discrimination; en tout cas, au moins, me semble-t-il, un manque du respect absolu que l'on doit à la personne.